Coats Grove, Michigan. Un adolescent de 16 ans, Bobby Rich, se fait réprimander par son beau père, Phil, qui rentre du travail. Leur dispute, face a laquelle la mère reste impuissante, se solde par la fuite de Bobby dans les bois environnent la maison. Le beau père court après Bobby et tombe par terre. Il se fait comme aspirer dans la boue, alors que Bobby essaye désespérément de l'aider.
Donc, voici nos deux agents dans le nordique État du Michigan, venus enquêter sur la mort de Phil Rich, qui apparemment avait avale trop de boue, ce qui serait la cause de sa mort.
Dans cet épisode, on revoit avec plaisir un Mulder que j'aime bien; celui qui se retrouve face aux adolescents, les pires affaires non classées. C'est bien souvent dans ces occasions qu'il peut montrer l'étendue de son aisance psychologique et montrer son talent a comprendre les ados. L'épisode dans son ensemble est plaisant a regarder. La scène pré-générique est prenante, il y a l'obscurité "recette" de notre série, des personnages finalement d'une grande intensité, et une mort pour le moins atypique. Et c'est la ou l'épisode peut décevoir. Car il est en effet assez complexe. Dans un premier temps, on pourrait comme le fait Scully suspecter Bobby. (Mais ce serait le fait de ceux qui n'auraient pas regardé attentivement la scène d'ouverture). C'est en fait des le premier entretient de nos deux agents avec Karin Mathews que l'on se doute que c'est elle qui pourrait être a l'origine de tout. Puis, en avançant dans l'épisode, le vieil arboriculteur qui rode dans les vergers montre a Mulder et Scully une maladie dont souffrent les arbres (les noisetiers précisément) nommée "la cloque". Cela remonterait a 20 ans, date a laquelle le père de Karin est mort. Comment relier ainsi toutes ces donnes pour convenir d'une explication? Des arbres tueurs qui auraient transmit un pouvoir a Karin? des arbres vengeurs des victimes des maltraitances parentales, qui auraient ainsi tue le père de Karin pour les supposés mauvais traitements qu'il lui infligeait?
C'est un peu tout cela et rien de cela...
Toujours est il que cet épisode, outre les controverses dont il a été victime, traite d'un sujet finalement réaliste: la crise d'adolescence, la rébellion qui souvent l'accompagne, et l'impuissance des parents. Le personnage de Karin Mathews est assez intéressant. Dans un premier temps, il apparait comme le grand justicier des litiges parents-enfants; elle est celle qui les comprends, la psy du coin... Mais ce n'est pas sans raisons. Car elle se rend elle-même justice de sa propre enfance en vivant celle de Bobby ou Lisa par procuration. Le discours de Mulder en voix off a la fin de l'épisode nous l'explique bien.
"La colère trop longtemps refoulée trouve sa propre voix" Il faut donc croire que le pouvoir de Karin a contrôler la nature est la voix de sa colère et de sa soif de vengeance d'un passé qu'elle n'a pu surmonter. Donc le lien entre les arbres et leur maladie serait Karin. Pourquoi? Comment? Ne me le demandez pas. L'arboriculteur un peu bizarre nous dit;"c'est le fait d'un mauvais homme" Notons simplement que le point commun entre le père de Bobby comme celui de Lisa et celui de Karin est d'avoir travaillé avec cet arboriculteur.
Une histoire de prime a bord assez compliquée, mais qui trouve une explication, même tirée par les cheveux. D'ailleurs, le titre de l'épisode résume assez bien la schizophrénie dont est victime Karin. La multiple personnalité jusqu'à changer de voix me rappelle "The field where i died". Toutefois, ce n'est pas une exception dans X-Files, de se retrouver en fin d'épisode avec une explication un peu frustrante, quand il y en a une. Rajoutons a cela qu'il n'est pas si mauvais dans le sens qu'il répond aux critères de base de l'essence même d'X-Files: point de vue divergeant Mulder/Scully (certes un peu amoindris; évolution du personnage de Scully oblige), personnages attachants et atypiques, une certaine dose de paranoïa dissimulée dans la psychologie de Karin (et même de Bobby), une ambiance sombre, un motif musical inquiétant, des scènes dans les bois, un pouvoir paranormal mis en œuvre, et le thème des adolescents (déjà utilisé dans: "La main de l'enfer"; "âmes damnées" ; "D.P.O")... Que la manière dont tout cela a été traite plaise moins, je peux le comprendre, mais me dire que c'est un mauvais épisode, non. Voila pour ce qui est des qualités. Maintenant, d'un point de vu plus objectif, quelques défauts peuvent lui être imputables: une certaine lenteur (bien que ce ne soit pas non plus flagrant), une intrigue qui part un peu dans tout les sens, et une explication peu crédible.
A moins d'être totalement allergique a la 5eme saison, c'est un épisode que l'on regarde avec plaisir et qui s'insère tout a fait dans l'esprit de la série. S'il n'est en effet pas dans les meilleurs épisodes, a mon sens, il n'est pas non plus dans les pires, comme j'ai pu le lire sur d'autres forums.
Puisque c'est ma review, je m'octroies une petite parenrhese pour expliquer sinon justifier pourquoi il me plait.
Il se trouve que lorsqu'il a été diffusé pour la première fois, je l'ai vu en m'identifiant complètement a Bobby Rich. Non pas que j'étais victime de maltraitance, loin de la. Non. simplement j'avais exactement 16 ans comme Bobby, et me trouvait moi aussi en pleine "crise d'adolescence". Je ne pense pas d'ailleurs avoir été le seul dans ce cas. Mon identification au personnage de Bobby portait plus volontiers sur la révolte de ce dernier, le refus d'obéissance, le refus de se laisser faire au lycée (ou collège), cette espèce d'excitation a avoir cet age mêlée d'une frustration de ne pas être plus vieux. A cette époque, il est évident que je ne pouvais pas le voir autrement qu'avec ces yeux-la. Et je dirais que rétrospectivement, il m'apparait toujours de la même manière, le recul en plus, c'est tout. Et puis, la aussi c'est personnel, mais j'aime bien les épisodes assez psychologiques et qui traitent de la famille. Je trouve toujours intéressant de voir comment les scénaristes traient la chose. De ce fait, cet épisode se situant en plein milieu de la saison, est pour moi tout a fait représentatif d'un cote intimiste qui qualifierait la saison dans son ensemble. Je pense aussi a Christmas Carol, Emily, PMP, Redux 1et 2, Mind's eye, Patient X... etc. Je veux dire qu'il répond au climat général de la saison 5. C'est en effet une saison bien a part, il n'y a aucun doute. L'émotion a une plus large place. Que ce soit dans les loners comme Schizogeny ou les mythologiques comme Redux et Emily.
Pour en revenir a l'épisode, il y a un élément qu'il me parait important de signaler, c'est que de plus en plus, on sent que Scully adhère plus facilement qu'avant aux théories de Mulder, même si ce n'est pas encore complètement le cas. C'est aussi en cela que l'épisode doit décevoir les puristes des premières heures, c'est sur. Mais que dire alors des saisons suivantes?
Pour finir, bien sur, je prends en compte les débats houleux dont cet épisode est a l'origine, mais assume pleinement mes opinions: Schizogeny n'est pas un mauvais épisode. Pour en persuader les plus tenaces, a ce moment la, je vous conseille de regarder Doubles et ensuite celui-la...... Je vois déjà les mauvaises langues me dire: "ils sont nuls tout les deux!".
Pour moi, le choix est vite fait. Cet épisode a quand même une certaine intensité, une histoire peut-être compliquée mais intéressante et très originale. Une femme qui aurait le pouvoir de contrôler la nature pour venger son enfance maltraitée a travers les ados dont elle s'occupe. C'est original. Ce n'est pas le monstre de la semaine, mais bon. Et puis les décors sont tout a fait du pur X-Files: ciel pluvieux, décor de campagne et de bois, petite scène dans un cimetière, la nuit... Sans parler de la scène ou Mulder monte dans l'arbre et que Scully se retrouve toute seule face a l'arboriculteur un peu inquiétant!
Voila.