Une violente tornade s'approche d'un pénitencier du Mississippi. Coupable d'avoir agressé l'un de ses camarades de détention, Pinker Rawls est conduit de force au «mitard», une cabane de bois construite au milieu de la cour. La tornade détruit tout sur son passagge. Le «mitard» vole en éclats. Rawls est déclaré mort bien que les gardiens ne parviennent pas à retrouver son corps. Le responsable de la prison, lui non plus, n'a pas survécu aux éléments déchaînés. Le malheureux a été coupé en deux par un mystérieux agresseur...
L'épisode est a priori un peu banal, pas mauvais, sans être exceptionnel non plus, du genre à être oublié aussitôt vu. Pourtant, malgré son sujet et son déroulement plus ou moins classique, son atmosphère, sa musique, sa tension et ses acteurs en font un épisode bien meilleur qu'il n'y parait de prime abord.
L'enquête
Le sujet fantastique du jour est simple : un homme capable de passer à travers les murs ou toute sorte d'objet. Ceci étant, les scénaristes prennent soin de traiter l'enquête avec la plus grande rigueur.
Ainsi, l'homme en question, Pinker Rawls, n'apparait absolument pas comme un redoutable ennemi façon X-Men mais comme un simple criminel en fuite. A charge pour Mulder et Scully d'expliquer l'étrange phénomène : l'analyse scientifique pointue de Scully (que l'on fait semblant de comprendre) opposée à la théorie moins conventionnelle de Mulder fonctionne toujours autant pour donner du crédit au scénario. Et avouons-le, ça ne marche pas dans tous les épisodes.
Personnages et scénario
On pourrait peut-être reprocher à l'épisode de mettre un poil en retrait notre duo de chocs, au profit des autres personnages. Mais une fois n'est pas coutume, l'histoire en toile de fond ne m'a pas paru envahissante, bien au contraire.
Les trois personnages principaux, June, Jackie et Pinker, sont liés par un lourd secret qui nous est dévoilé progressivement le long de l'épisode. Les trois acteurs s'en sortent à merveille. La tristesse et l'angoisse sur le visage des deux femmes est parfaitement retranscrits à l'écran. June est anxieuse et semble terrifié tout au long de l'épisode, tout comme sa soeur, incapable de tenir tête à Pinker lorsqu'il débarque chez elle. La dégaine de Pinker Rawls, son regard perçant suffisent à nous convaincre qu'il ne vaut mieux pas l'emmerder. Il se montre assez calme et impassible au moment d'évoquer Trevor avec June, certainement par pudeur, ce qui correspond bien au personnage.
Pinker Rawls n'a certes pas l'attrait de psychopathes dont nous a habitué la série (Modell, Pfaster, et autres), mais le choix d'en faire un personnage moins impressionant et plus humain participe à l'émotion dont est empreint l'épisode. Bien que ce ne soit pas un enfant de choeur (comme lorsqu'il plante un clou sur la main d'un de ses anciens co-détenus), il n'est guidé que par un seul (et presque légitime) désir : celui de retrouver son enfant. A ce titre, sa triste réaction après sa tentative échouée de récupérer son fils dans la cabine téléphonique semble traduire son désespoir. Mulder conlut habilement après sa mort :
JUNE: What did he want?
MULDER: Maybe another chance.
Enfin, la scène qui réunit les trois protagonistes et le petit Trevor, si elle n'a rien d'extraordinaire en soi, annonce l'éclatement d'une tension palpable tout au long de l'épisode. La seule présence de Pinker dans la pièce suffit à terrifier les trois autres personnes. Les deux femmes savent de quoi il est capable et son agressivité ne tarde effectivement pas à s'exprimer contre June. Le reste est une succession d'actions dans lesquelles le téléspectateur s'inquiète de la fureur exprimée par Pinker. La peur s'exprime à travers les regards de Trevor et de Scully, coincés dans une cabine lors d'une scène impressionante par sa violence.
Musique
Outre les personnages et le jeu d'acteurs, la douleur de cette histoire personnelle en toile de fond est particulièrement bien retransmise par une musique douce et presque discrète de Mark Snow le long de l'épisode, preuve que ce dernier n'a pas besoin d'user d'une musique lourde et faussement larmoyante pour susciter la mélancolie (je pense notamment à Hell's Money, El Mundo Gira ou Terms of Endearment).
Classique en apparence, l'épisode profite pourtant d'une réalisation soignée, d'une intrigue solide, d'acteurs impeccables ainsi que d'une ambiance sonore plutôt inspirée. Comme quoi, le classicime a aussi du bon...