Au petit matin, Scully s’éclipse de la chambre où Mulder dort encore, nu... Tout a commencé 2 jours ½ plus tôt quand une Scully manifestement au bout du rouleau a refusé tout net de suivre Mulder en Angleterre pour une affaire fumeuse. Et voilà qu’en allant à l’hôpital pour retirer un rapport d’autopsie, elle rencontre par le plus incroyable hasard Daniel, le grand amour de sa vie... Elle se rend compte alors qu’elle n’est plus très sûre de savoir pourquoi elle n’a pas choisi de faire sa vie avec lui... Et si elle avait fait le mauvais choix ?...
Je m’attaque cette fois à un épisode qui n’a rien d’un classique, un épisode controversé et diversement apprécié, auquel j’espère réussir à rendre justice, car son courage et sa générosité le méritent.
Pour une fois, rien qu'une fois comme ça en passant, X-files abandonne l'espace d'un instant les sordides histoires de monstres qui tuent et qui mutilent à grands renforts de flots de sang et de pourriture ou d’OVNI et de conspiration pour cacher leur existence qui manipulent et bafouent les gens, dont je crois que beaucoup commençaient à avoir sérieusement marre, pour ne se consacrer qu'à ce qui est vraiment important: la psychologie des personnages. Et cette parenthèse assez inhabituelle, c'est à Gillian Anderson que nous la devons.
D'accord, on peut dire que ce n'est pas du X-files, puisqu’il n’y a pas d’enquête, et pas même de phénomène surnaturel à proprement parler, mais il n'empêche que c'est magnifiquement réussi, et surtout que ça nous interpelle profondément.
C'est que Gillian signe un épisode entièrement introspectif, qui se déroule dans la vie quotidienne des personnages afin de s'intéresser spécifiquement à eux non à quelque énième intrigue fumeuse. Ça nous change un peu. C'est frais et relaxant: silence, tranquillité, douce lumière du soleil de fin de matinée qui filtre par la fenêtre de la chambre chaude et douillette dans laquelle on est alangui à ne rien faire et à juste se consacrer à soi... quasiment onirique...
Cette histoire, donc, se déroule toute en fausse lenteur, introspection et densité psychologique. Ce parti-pris qui peut lasser l’évite ici brillamment car il est totalement justifié, ça nous change tellement de l'excitation crétine pseudo-comique de cette saison, je trouve que c'est ce qui a toujours manqué à X-files: une dimension plus humaine.
D’ailleurs, cette histoire est servie par une réalisation remarquable, recherchée, audacieuse et personnelle, faite de lumières, de plans, d'effets spéciaux et de scènes symboliques belles à pleurer destinés à nous interroger sur le thème du temps qui passe, des choix que l’on est amené à faire et de la terrifiante facilité avec laquelle on peut gâcher sa vie, portée par des musiques envoûtantes.
Et, traversant telle un ange de grâce et de sensibilité à fleur de peau ce moment de pur lyrisme, Gillian, plus femme que jamais, nous brosse avec flamme et passion une Scully torturée par le doute et le besoin d'amour, en quête désespérée d'un sens à sa vie.
Scully se convertit au Bouddhisme? Et après tout pourquoi pas?! Quand on se rappelle à quel point sa foi chrétienne l’a toujours bridée et a toujours été pour elle une source de doutes et de souffrances, on peut légitimement se demander si Gillian n'a pas eu raison de la faire passer à autre chose.
Mais bien au delà de ce seul élément de sa vie, c'est toute entière que Scully se remet en question, Avait-elle vraiment une raison valable de quitter Daniel? A-t-elle eu raison de faire ce choix? Etait-ce le bon choix? A-t-elle choisi la vie qui lui va le mieux?... Toutes ces questions la minent, son passé la poursuit, ne veut plus lui laisser un instant de paix intérieure, et le moment vient où ça casse. Avec beaucoup de maturité, Scully prend une décision, et s'y tient. En larguant Daniel, cet homme qui l'aime et qu'elle aime, mais qui ne la comprend pas et qu'elle-même ne comprend plus, ce n'est pas seulement un homme, mais tout son passé trop douloureux et qui ne lui apporte plus rien qu'elle laisse derrière elle. Décision délicate à prendre, mais Scully la prend et s'y tient, et il semble que ce soit la seule chose à faire: faire un choix et s'y tenir. Sinon, on n'avance plus. Elle s'est déchirée, mais au moins est-elle libre maintenant.
Ces visions d'une femme blonde qui la hantent en attestent: au moment où elle rejoint enfin la femme, c'est Mulder qu'elle trouve. Ce qui nous fait comprendre que cette femme qu'elle a poursuivie pendant tout l'épisode, c'est elle-même, une allégorie de sa propre féminité, et au moment où elle rentre enfin en contact avec la femme qui est en elle, elle y gagne un homme, l'amour, le véritable amour de sa vie... Il lui a fallu se trouver elle même pour trouver l'amour.
Mais le fait est là: Scully règle dans la douleur ses comptes avec son passé pour pouvoir construire dans l'amour son futur. Son amour pour Mulder qu'elle ose enfin admettre sans honte et sans peur et laisser éclater au grand jour... et dont il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte qu'il est réciproque, et stupide pour ne pas comprendre qu'ils l'ont enfin consommé!!!
Oui, tous deux libres d'un passé qui les écrasait peuvent enfin se consacrer à leur futur, qui est un futur ensemble, dans l'amour qui leur avait jusque là toujours fait si cruellement défaut Chut. Éloignons-nous, laissons-les s'enlacer tendrement dans la pénombre de ce jour magique qui meurt, laissons-les s'aimer et cueillir le fruit de cet amour.
Un épisode dont on ressort heureux. C’était devenu si rare... Merci Gillian!